Jacques Dubois (avatar)

Jacques Dubois

Abonné·e de Mediapart

Billet publié dans

Édition

Bookclub

Suivi par 620 abonnés

Billet de blog 1 septembre 2015

Jacques Dubois (avatar)

Jacques Dubois

Abonné·e de Mediapart

Pourquoi tant de haine ?

Dominique Conil a aimé le dernier Angot, Un amour impossible, et l’a dit dans nos colonnes. Dans Le Monde de vendredi dernier, Jean Birnbaum salue le même livre avec ferveur et parle de « roman d’une libération ». Dans son ensemble, la critique fait de cet ouvrage de la rentrée un événement majeur. Et pourtant, toute une partie de l’opinion reste violemment hostile à ce qu’écrit Christine Angot, se montrant si haineuse envers elle (voir certains commentaires adressés à l’article de Dominique C.) que l’on s’interroge sur ce rejet, un rejet qui épargne d’autres romanciers qui pourraient donner prétexte à un refus semblable.

Jacques Dubois (avatar)

Jacques Dubois

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1

Dominique Conil a aimé le dernier Angot, Un amour impossible, et l’a dit dans nos colonnes. Dans Le Monde de vendredi dernier, Jean Birnbaum salue le même livre avec ferveur et parle de « roman d’une libération ». Dans son ensemble, la critique fait de cet ouvrage de la rentrée un événement majeur. Et pourtant, toute une partie de l’opinion reste violemment hostile à ce qu’écrit Christine Angot, se montrant si haineuse envers elle (voir certains commentaires adressés à l’article de Dominique C.) que l’on s’interroge sur ce rejet, un rejet qui épargne d’autres romanciers qui pourraient donner prétexte à un refus semblable.

Alors pourquoi Angot et pourquoi tant de haine envers elle ? Il ne faut pas être anthropologue ou psychanalyste pour avancer une explication simple. Trois des romans de l’auteure ont pour objet plus qu’insistant un inceste ignoble qu’un père disparu puis reparu fait subir à sa fille adolescente — et peu importe en un sens que celle-ci soit Angot ou non. Il s’agit de L’Inceste (1999), d’Une semaine de vacances (2012) et d’Un amour impossible (2015) — soit la déclaration, la définition et l’explication, précise Angot à Birnbaum.

C’est que l’inceste, rappelons-le puisqu’il le faut, est le grand interdit fondateur de toute société. On ne copule pas entre père et fille ni entre mère et fils ni entre frère et sœur. Enfreindre cet interdit est la transgression majeure en matière sexuelle. Pratique interdite donc mais, dans le cas d’Angot, c’est le discours sur cette pratique qui est en cause, discours insupportable à beaucoup et même s’il est dénonciation légitime d’un traumatisme subi. En somme, certains disent à Angot : taisez-vous, ne parlez pas de cela, adressez-vous à la justice si vous voulez mais laissez-nous tranquilles. Et les mêmes d’ajouter sans doute : nous ne voulons pas voir ici le visage de la Gorgone (même si en l’occurrence la Gorgone est la victime). Mais à ceux-là j’aime à dire : faites-vous violence et lisez au moins la fin d’Un impossible amour, qui commence à la page 202 par « Il y a une logique maman, il y a une logique dans tout ça. Il y a une logique de fer. C’est pas une petite histoire personnelle, tu comprends, c’est pas une histoire privée

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.